Trump, c’est aussi du vin !

Avant d’être un homme politique, Donald Trump dirige un conglomérat réunissant divers secteurs d’activité, liés les uns aux autres : immobilier, hôtellerie, tours résidentielles, tourisme, terrains de golf… et donc un vignoble. Par les temps qui courent, un président viticulteur ressemblerait plutôt à un oxymore. Donald Trump en aurait fait un pléonasme s’il n’avait transmis les clefs du vignoble familial à son fils Eric.

La Trump Winery est située à Charlottesville en Virginie, un Etat où Thomas Jefferson avait créé le premier domaine viticole américain, Monticello(*). 2 siècles ont passé et la Virginie compte aujourd’hui près de 250 domaines. C’est en 2011 que les Trump ont acquis leur vignoble, auprès de Kluge Estate. La Trump  Winery couvre une superficie de plus de 400 hectares plantés exclusivement en cépages français. Bon, et question qualité, ça donne quoi ? En 2013, le prix « Rising star of the year » (Etoile montante de l’année) est décerné à Eric Trump par le Wine Enthusiast.

Le domaine reçoit également un certain nombre de prix. Apparemment, le fils Trump s’en sort plutôt avec les honneurs. Passons sur cette question et venons-en au fait : la présidentielle américaine se termine et laisse la place à la campagne présidentielle française. Or la filière viticole pèse lourd dans notre pays : 800.000 emplois directs et indirects en dépendent et elle est notre 2e secteur à l’export en termes de chiffre d’affaires. Des emplois et des recettes pour l’Etat. Des électeurs aussi.

L’œnologue française Katell Griaud est à ma connaissance maître de chai chez Trump Winery. Cépages français et œnologue française dites-vous ? Il est toujours étonnant de voir à quel point la France viticole rayonne autant dans le monde et si peu chez elle. Bon, j’exagère un peu. Mais le contraste est réel, à mettre en perspective si vous les connaissez avec les expressions « French Paradox » ou encore « exception culturelle française ». Et il dénote surtout l’ambiance actuelle dans notre pays. Celle-ci est aux antipodes de l’excitation générale à l’étranger autour de notre vin, peut-être à cause de la pression exercée par les lobbies hygiénistes.

Au final, le vin sera-t-il une question abordée au cours de la présidentielle ? Peut-être car certains éléments nous le laissent croire : le candidat en tête des sondages de la primaire de la droite et du centre n’est autre qu’Alain Juppé, le maire de Bordeaux (où Katell Griaud a d’ailleurs obtenu son diplôme d’œnologie). Le favori des sondages a assis la position de Bordeaux comme capitale mondiale du vin en promouvant le projet de La Cité du Vin qui devrait recevoir 400.000 visiteurs par an.

L’action d’Alain Juppé comme maire de Bordeaux a prouvé qu’il était un ardent défenseur de la filière viticole. Il est d’ailleurs membre de l’Académie du vin de Bordeaux. Lors de la campagne présidentielle, le vin est donc un sujet qui pourrait bien arriver sur la table.


(*) Monticello est aujourd’hui un musée. A l’époque, les essais de Thomas Jefferson de cultiver un vignoble ont été plus que laborieux. Mais le nom de Monticello est également devenu par la suite celui de l’American Viticultural Area de Monticello, où se situe le vignoble Trump. Les AVA sont l’équivalent américain de nos AOC.

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